Les flux migratoires touchent aussi les milieux ruraux. Dans ce dossier qui accorde une large place aux contextes internationaux, les différentes situations régionales attestent d'une grande diversité des parcours malgré une commune invisibilité sociale et une méconnaissance du rôle économique que jouent les travailleurs migrants, souvent saisonniers, de plus en plus des femmes, dans l'agriculture et l'agro-alimentaire. Chaque article analyse les particularités de ces migrant(e)s des campagnes en relation avec les enjeux propres aux mutations des mondes ruraux.
Cet article aborde la question des revendications portées dans l'espace scolaire à la fois par des élèves et par des militants associatifs musulmans par la mise en perspective des terrains de recherche des deux auteurs. Dans chacun des cas il ne s'agit ni d'une remise en cause du fonctionnement de l'école en tant qu'institution publique, ni de son rôle socialisateur. Les élèves et les militants musulmans mettent en avant des espérances, déceptions, frustations qui témoignent de l'ampleur de l'enjeu d'une bonne scolarité comme le montre la centralité du soutien scolaire dans les activités mises en place par les associations. Il en ressort que les modalités par lesquelles s'effectue le passage des demandes individuelles aux revendications collectives les contraint à tenir compte de la recevabilité de celles-ci dans l'espace public. Ce passage est en outre fortement influencé par les rapports de genre. (résumé de la revue)
Cette recherche examine la construction sociale de différence ethnique en France du point de vue de la relation entre groupes sociaux. Ce travail aborde des modes de regroupements et d'appartenance qui caractérisent aujourd'hui la société française à partir d'un ensemble de pratiques et de représentations ayant trait au corps et aux "territoires" d'appartenance de femmes migrantes originaires d'Afrique du Nord et de leurs filles nées et/ou scolarisées en France. La démarche inductive de ce terrain menée en région parisienne autant dans les domiciles des interviewées que dans des associations (d'accompagnement scolaire, de jeunes musulmanes sportives en foulard, ou organisant des voyages- surtout en Belgique) ainsi que dans des commerces- des boucheries notamment- marchés, squares de quartier, hammam, a mis à jour les stratégies de sujets individuels et collectifs. Cela a également permis de construire une nouvelle lecture de marqueurs ethniques tels que le hijâb, la virginité et la consommation de viande halal. La culture est une ressource de négociation dans les rapports sociaux : elle en constitue une partie intégrante visant à re-qualifier l'islam lui-même, tout en permettant l'établissement de la distance avec les majoritaires. Nous concevons la frontière ethnique non seulement comme une ligne- bien que mouvante (F. Barth)- mais aussi comme un espace fragile d'interaction entre l'auto-perception minoritaire et l'hétéro-définition majoritaire, comme un interstice où les sujets agissant manifestent et expriment des conflits normatifs de proximité sur des marqueurs de distance, ainsi que des accomodements articulés aux rapports de genre. (résumé de l'auteur)
Le retour de la question du port du foulard dans les débats politiques brasse une série de thèmes plus ou moins reliés, mais qui font écran à la compréhension des logiques autonomes des jeunes filles et femmes en cause. Ici l'auteur s'attache à analyser les logiques qui animent ces jeunes filles.
Partant de la notion d'honneur clanique trop souvent hâtivement posée comme un trait culturel qui empêcherait l'intégration, l'auteur montre comment ce caractère d'ordre psychologique s'inscrit dans la relation à l'altérité et dans les définitions identitaires. Critique de la perspective culturaliste qui assigne à tous les migrants d'origine maghrébine le même code qui devient un dispositif normatif déterminant les comportements communautaires.
Tout en constituant un principe masculin, l'honneur maghrébin reste lié aux femmes qui en sont dépositaires et a trait à la virginité des filles, à la maternité, au retrait des sphères publiques.
Cet article traite des méthodes interprétatives et des statuts des discours dans la démarche socio-anthropologique, en se centrant sur les rapports de place sur le terrain.
Analyse du port du voile des jeunes filles issues de l'immigration maghrébines en France.
Ce texte analyse la pratique du foulard chez les jeunes filles musulmanes issues de l'immigration maghrébine en France, selon deux axes théoriques : l'invention de la tradition (Hobsbawm) et les frontières ethniques fluctuantes (Barth). Loin d'être un retour à l'habillement traditionnel, le foulard porté par les filles rencontrées sur le terrain de DEA par l'auteur, est une marque de distinction vis-à-vis des croyants musulmans considérés non orthodoxes et des parents souvent accusés de pratiquer un islam superstitieux et non authentique.
A partir d'une enquête menée principalement dans une université parisienne, l'auteur a étudié comme trait culturel différenciateur le foulard porté par des étudiantes musulmanes. La pratique du hijab se prête à "l'affichage public" d'une identité revendiquée et confère, aux femmes qui le portent, une légitimité particulière dérivant du religieux. D'où l'établissement de plusieurs frontières matérielles et symboliques, d'une part au regard de la société française, et d'autre part au regard des hommes, en particulier des hommes musulmans.